L'offense chapitre 5

Publié le par SLAM POESIE DE FAUSTINE

Voici qu’un matin, il fut de retour accompagné par une femme. Il installa la nouvelle venue dans l’ancien sobrado du temps de son célibat. Il se passa une semaine avant que Dom Carlos daigne se présenter dans son foyer pour revoir ses enfants et son épouse. Durant cette semaine-là, Isabel allait entendre toutes les pies jacassières de Vila Nova Cintra, se gargariser de l’affront qu’elle essuyait, car son mari n’allait pas se priver pendant tout ce temps de se promener en ville, de fréquenter tous les salons à la mode, d’honorer toutes les invitations à dîner en compagnie de la dame venue avec lui du Portugal, et qu’il se faisait une joie, non feinte, de présenter comme son épouse, la seule digne de lui et de son rang.

Dom Carlos fit irruption, au lendemain d’un bal qu’il avait donné pour que nul ne mit en doute qu’il avait désormais une épouse blanche, dans la demeure qui avait été son foyer ces sept dernières années. Il y fut fraîchement reçu. Il ne se départit point de son flegme pour, sans ambages, informer Isabel qu’il avait épousé la veuve de feu son frère, Dieu le garde en sa miséricorde, qu’enfin il se sentait un homme qui n’avait pas à rougir de ses agissements, car il avait rempli son devoir auprès d’une jeune femme qui n’ayant pas eu le temps de donner une descendance à son cadet, ce dernier ayant été rappelé au Ciel prématurément, aurait été vouée à une situation des plus précaire. Il lui fit l’éloge de cette délicieuse créature que, lui dit-il, elle ne tarderait pas à rencontrer, qui allait lui donner, il n’en doutait pas, un héritier qui un jour serait tout désigné pour porter le titre de comte Dos Santos Spiritos. Il lui fit également savoir qu’elle n’avait pas à s’inquiéter, qu’il continuerait d’avoir commerce avec elle, bien que de manière sporadique désormais.

Et ainsi en fut-il. Dom Carlos allant au gré de ses humeurs de l’un à l’autre de ses deux foyers conjugaux, remplir un devoir tout aussi conjugal.

Isabel n’aurait pu dire ce qui se passait dans l’autre maison, mais dans la sienne, un homme qui l’avait épousé et lui avait juré fidélité et protection devant Dieu et les hommes, désormais la prenait de force parce qu’elle n’entendait plus se donner à lui de son propre gré, le sourire aux lèvres comme il l’entendait. Lorsqu’il la quittait au petit matin, elle avait le visage tuméfié par les coups. L’on aurait dit qu’il se vengeait ainsi d’avoir été poussé à l’épouser parce qu’à une époque, il n’avait su comment assouvir autrement le désir qu’il avait eu de posséder cette créature.

Dona Legea bien que scandalisée, ne savait comment consoler sa fille des malheurs qui s’abattaient sur elle. Elle lui conseillait de prendre son mal en patience pour affronter cette épreuve que le Seigneur envoyait à leur famille pour éprouver leur foi.

 

 

 

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